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PrÉSentation

  • : La Page de Reginelle
  • : Ce blog est une invitation à partager mon goût pour l'écriture, à feuilleter les pages de mes romans, à partager mon imaginaire. Des mots pour dire des sentiments, des pages pour rêver un peu.
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Texte Libre

Création d'un FORUM
 
Naissance du forum "Chaque être est un univers", ici à cette adresse :
 
 
Créé en collaboration avec Feuilllle (dont je vous invite à visiter le Blog – voir lien dans la liste à gauche). Tout nouveau, il n'y a pas grand-chose encore, tout juste référencé... il ne demande qu'à vivre et à grandir. Chacun y sera le bienvenu.

Et puis, j'ai mis de l'ordre dans les articles, au niveau de la présentation... ça faisait un peu fouillis ! Quoique… je me demande si c'est mieux maintenant ! On verra bien à l'usage.
Alors maintenant, voyons ce que ce Blog vous offre :

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15 octobre 2007 1 15 /10 /octobre /2007 21:46
Un rêve mortel…
 
Les yeux ouverts sur la nuit, l’homme écoutait.
Allongé sur le dos, il écoutait la respiration de la femme qui dormait auprès de lui.
Les bras sagement maintenus le long du corps, il retenait son souffle à chaque gargouillis qu’émettait la dormeuse. Un râle larvé, une plainte qui semblait se traîner au ralenti de la vie vers la mort.
Les yeux ouverts, l’homme rêvait.
Un éclat de lumière vint frapper le grand miroir de l’armoire tel un reflet de lame et l’homme serra les poings sous le drap tiré.
Il voyait l’arme. Un couteau. Une lame de couteau. Une image qui s’insinuait dans sa conscience, qui s’imposait à lui, gavée de sa propre densité.
Frémissant sous une suée froide et poisseuse, l’homme rêvait, les yeux ouverts.
Il fixait un horizon haut et nu. Son regard fuyait loin. Au-dessus d'un enterrement qui déroulait un rituel vers le cimetière. Au-delà d'un chemin qui serpentait dans un désert de sable.
Les yeux ouverts sur la nuit, l’homme écoutait.
Il écoutait un bruit. Un bruit étrange, profond. Un son qui résonnait en lui, longuement… Un glas, très lent, sourd et lointain. De plus en plus sourd… de plus en plus lointain.
Ce matin-là, la femme s’éveilla très tôt. Elle regarda autour d’elle, refoulant une impression bizarre, cherchant ce qui l’avait ainsi arrachée au sommeil.
Elle hurla quand elle vit les yeux ouverts de l’homme qui gisait, inerte, à son côté.
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15 octobre 2007 1 15 /10 /octobre /2007 21:46
Le gardien du square                                    
 
Le froid glacial de ces premiers jours de janvier n’incitait pas à la flânerie. Les canards avaient déserté la surface gelée de l’étang. La neige tombée sans discontinuer depuis la veille jusqu’à la mi-journée, recouvrait sentiers de sable blond et pelouses mitées par l’hiver d’un épais tapis blanc floconneux. Le square s’assombrissait à l’intérieur du périmètre défini par le grillage agressif, bardé de barreaux de bronze, qui le ceinturait. L’heure de la fermeture approchait. La dernière ronde achevée, le gardien se hâtait vers la grande grille encore ouverte, trousseau de clés déjà à la main, pressé d’en finir, de rentrer chez lui. A quelques mètres de l’entrée du parc, il ralentit le pas et fronça les sourcils, agacé.
Elle était là ! Encore ! Sur ce même banc, au pied du même marronnier. Assise bien droite sous le même petit chapeau noir à voilette grise, les mains toujours gantées de gris croisées sur le même petit sac noir. Manteau gris sagement lissé sur des bas gris soigneusement tirés dans les bottines noires parfaitement lustrées. Près d’elle, le même sachet de papier gris duquel, régulièrement, elle prélevait une pleine poignée de graines et de miettes de pain qu’elle dispersait avec précision autour d’elle d’un seul mouvement de poignet.
Le gardien dévia sa route vers la silhouette assise, agitant le trousseau de clés telle une crécelle pour attirer son attention, bras tendu vers la grille pour indiquer qu’il était temps de quitter les lieux. Il grommela quelques jurons lorsque la main gantée plongea dans le sac de papier. Geste inutile ! Voilà bien longtemps que les oiseaux évitaient ce parc ! Il avait fait ce qu’il fallait pour cela. Il ne supportait pas leurs fientes qui souillaient fontaines et statues, leurs piaillements qui l’éveillaient bien avant l’aube !
Et cependant, tous les soirs, cette vieille folle revenait et le retenait jusqu’à la dernière seconde ! Il serra les dents. Il avait su se débarrasser de ces horribles volatiles, il saurait bien en faire autant pour elle. D’ailleurs, puisqu’elle aimait tant ce banc…
Il étreignit rageusement la clé et accéléra le pas vers l’entrée.
Le gardien tendait la main vers la serrure de la grille quand quelque chose l’atteignit entre les omoplates. Il tourna la tête à temps pour voir arriver une autre boule de neige mais pas assez pour l'éviter. La masse compacte, dure, le heurta au creux des reins. Surpris par la violence de l’impact il trébucha et perdit l’équilibre. Il s’effondra sur l’ombre des barreaux, parfait alignement de javelots aux pointes acérées. Il demeura ainsi, dans une étrange position, comme suspendu aux crocs meurtriers alors que le tapis blanc se teintait de rouge.
La vieille dame se redressa, déversa à ses pieds ce qui restait dans le sachet de papier gris. Elle retira ses gants gris, humides, et les glissa dans son petit sac noir.

Un chant s’éleva d’un maigre buisson… puis un autre… et encore un autre.
 
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15 octobre 2007 1 15 /10 /octobre /2007 21:46
Mon petit frère galope tout droit vers le fond du jardin. A quatre pattes ! Il est rigolo ! Il n’arrive pas encore à se tenir debout. Il ne sait pas marcher. Mais il se déplace fichtrement bien quand même !
 
Il essaie d'attraper le jouet que je lui ai piqué. Son jouet préféré !

Il ne pleure pas, il ne crie pas, il rit ! C’est un jeu. Nous jouons souvent à ce jeu-là dans sa chambre.

Je ne pense pas que ce jeu plairait à maman et à papa. Aujourd’hui, ils ne sont pas là. Ils sont au marché. J’en ai profité pour faire sortir mon petit frère de sa chambre. 

Nous avons commencé à jouer dans la grande pièce du bas. Il fait beau dehors, alors j’ai ouvert la porte-fenêtre. Celle qui donne sur la terrasse. C’est par là qu’on accède au jardin.

L’herbe est tendre, fraîchement tondue. Elle sent bon. Alors je suis sorti de la grande pièce, tout en agitant le jouet à bout de bras et mon frère m’a poursuivi sur la terrasse. 

Je l’ai fait courir à droite et à gauche. Et puis j’ai envoyé son jouet dans l’herbe douce du jardin et il s’y est précipité en gazouillant ! Je me suis amusé ainsi à lancer le jouet ici et là, pour qu’il aille le chercher. 

J’en faisais autant autrefois, avec la balle de Toby. Mais Toby n’a jamais compris qu’il devait rapporter la balle. Et quand je tentais de la lui reprendre, il me mordait. Toby, c’était mon chien. Toby ne savait pas jouer sans me mordre. 

Mon frère ne peut pas me mordre, lui, il n'a pas beaucoup de dents. Mais, comme Toby, il ne sait pas rapporter. Alors je récupère le jouet avant qu’il ne l’atteigne et je l’envoie plus loin. Il aime ce jeu. Moi aussi !

L’herbe pousse très vite dans notre jardin. Beaucoup, beaucoup plus vite que dans ceux de nos voisins. Papa passe la tondeuse tous les jours. Eté comme hiver, aussitôt levé, il passe la tondeuse, partout. Sauf dans la partie du fond. Après la rangée de pommiers. Là, l’herbe est très haute. Presque aussi haute que papa.

Mon petit frère court sur l’herbe fraîchement tondue, il court vite, sur ses genoux et ses mains. Il court et il rit. Il est heureux. Il s’amuse bien !

J’ai envoyé son jouet au cœur même des hautes herbes. Là où elles poussent dru.

Un jour j’ai envoyé la balle de Toby dans les hautes herbes. Toby n’a jamais su la retrouver. Toby n’est jamais revenu. Mais Toby ne savait pas rapporter.

Dès que j’ai su marcher papa m’a bien expliqué que je ne devais jamais dépasser la limite définie par les pommiers.
 
Papa m’avait parlé aussi des monstres des hautes herbes. Mais je ne les ai jamais vus.
 
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15 octobre 2007 1 15 /10 /octobre /2007 21:28
Des pas dans la nuit…
 
Nuit après nuit, à la même heure, des pas troublaient la quiétude de la ruelle endormie. Une rue étroite et longue, très sombre, bordée de hautes façades avares en fenêtres. Au-delà des pâles halos des rares réverbères suspendus de loin en loin, leur misère lézardée et ventrue diluait dans les ombres ses gris de béton encrassé.
Nuit après nuit, ce même pas. Un pas lent, net, précis. Mesuré. Ce pas rampait sur les pavés disjoints, glissait le long des murs, traversait les cloisons, envahissait les cours intérieures, remontait par les gouttières, bondissait sur les toits. Un son pur et répété aussi fatal que le silence.
Nuit après nuit, à la même heure, la femme écoutait le pas. Depuis l’obscurité d’une chambre close, elle suivait les échos d’une errance invisible. Immobile, derrière la frontière opaque d’un rideau tiré qu’elle se gardait bien de passer, elle éclatait d’un rire silencieux.
Il y avait tellement longtemps que l’homme était parti que la femme qu’il avait quittée en avait presque oublié son existence.
Nuit après nuit, ce pas rendait cette femme à l’attente.
 
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