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PrÉSentation

  • : La Page de Reginelle
  • : Ce blog est une invitation à partager mon goût pour l'écriture, à feuilleter les pages de mes romans, à partager mon imaginaire. Des mots pour dire des sentiments, des pages pour rêver un peu.
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Texte Libre

Création d'un FORUM
 
Naissance du forum "Chaque être est un univers", ici à cette adresse :
 
 
Créé en collaboration avec Feuilllle (dont je vous invite à visiter le Blog – voir lien dans la liste à gauche). Tout nouveau, il n'y a pas grand-chose encore, tout juste référencé... il ne demande qu'à vivre et à grandir. Chacun y sera le bienvenu.

Et puis, j'ai mis de l'ordre dans les articles, au niveau de la présentation... ça faisait un peu fouillis ! Quoique… je me demande si c'est mieux maintenant ! On verra bien à l'usage.
Alors maintenant, voyons ce que ce Blog vous offre :

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3 novembre 2007 6 03 /11 /novembre /2007 13:00
Notre maison comporte huit pièces, toutes en rez-de-chaussée, et ouvre sur une grande cour cloisonnée de béton au centre de laquelle est posé un grand lavoir à deux bacs. Maman a une machine à laver, de la meilleure marque sur le marché, super perfectionnée et tout ! Mais... elle fait très souvent les lessives à la main, dans ces bassins, avec brosse et savon, sur une vieille planche de bois gondolée, érodée par l'usage. Hiver comme été ! Par économie, je crois, mais aussi parce que, de son avis, c'est ainsi qu'il faut laver le linge. Joachine et moi, parfois, nous l'aidons... un peu... mais seulement quand il fait chaud, très chaud ! Ben oui ! Tiens ! Je voudrais vous y voir, vous ! En plein cœur de l'hiver ! Et mettre vos mains dans une eau glaciale ! C'est un vrai lavoir, et il n'est pas branché à un cumulus d'eau bouillante !

Une tâche nous est assignée à ma sœur et moi ! Celle d'arroser les plantes. Non, pas avec un petit arrosoir -cela nous prendrait trop de temps- mais avec un long tuyau branché au robinet du lavoir. Un très long tube gris, que j'ai toujours connu fendillé.

Parce que des plantes... il y en a ! Des géraniums et pélargoniums à foison, des rouges, des roses, des blancs, des bicolores, et des simples, et des doubles ! Mais aussi des asters au cœur souffre et aux collerettes mauves, bleues, jaunes... Des dahlias aux parfaites boules oranges... D'énormes pivoines cramoisies, aux pétales géants... de hauts iris bleu outremer mouchetés d'or, des roses pâles griffés d'ocre... des narcisses jaune d'or, des blancs éclaboussés de soleil... Des clématites échevelées... Des arums à grandes cornettes blanches... d'autres à grandes feuilles marginées de blanc et aux épis serrés de baies rouge orangé... des ancolies aux coupes bleu nuit serties de violet sombre... Des bégonias à floraison simple, allongée ou retombante... des touches de blanc, de rose, de rouge, de jaune, d'orangé... avec des tons pastels ou vifs... et des doubles, des frisés... aux fleurs de camélia ou de rose au bout de leur tige grêle et cassante... au-dessus de feuilles d'un vert brillant, légèrement lobées et dentelées... Des massifs de roses à l'assaut des murs et deux buissons de belles de nuit... un de chaque côté de la porte d'entrée... Des belles-de-nuit jaunes, rouge magenta, blanches... des pétales unis, bi ou tricolores avec de longues étamines jaunes... et de petites boules noires. Leur parfum embaume la cuisine, le séjour... Sans oublier l'énorme camélia... ROUGE... Ce camélia ! Il n'a pas de chance ! Je lui suis tombée dessus une fois, à la suite d'une de mes échappées sur le toit... et depuis, il est d'une santé vacillante... mais en plus, comme il bloque une fenêtre de la maison, papa gronde et râle à chaque fois qu'il doit le déplacer pour pouvoir fermer les volets à l'occasion d'une longue absence. Le déplacer ? Ben oui... parce que tout cela est planté dans des pots !

Des grands, des petits, les seconds parfois sur les premiers, l'un en équilibre entre deux autres... des en argile, des en plastique, des métalliques... dans un véritable fouillis... un enchevêtrement de tiges, de feuilles, d'arômes... une mini jungle recouvrant le sol et en dissimulant l'austère platitude du ciment. Un jardin mobile qui occupe la plus grande partie de la cour, et qui recouvre aux deux tiers la façade de la maison.

Façade à laquelle sont suspendues les cages des oiseaux.

Deux couples de bengalis, deux autres de perruches, et... des canaris !

Des dizaines de canaris ! Parce que ces volatiles s'unissent... se reproduisent... ils font des nids ! Ils s'accouplent ! Pondent des oeufs... qui éclosent... d'où sortent de petits monstres à la peau transparente au rare duvet, aux yeux globuleux et au bec démesuré. Un bec plus gros que leur tête, déjà ouvert à peine nés, quémandant une pitance jamais suffisante ! Et ces extra terrestres grandissent... deviennent canaris... mâles et femelles ! On ne peut pas choisir ! Et ça piaille ! Ça piaille sans arrêt ! Bon, ça chante aussi... mais seulement quand ils sont grands ! Une couvée, passe encore ! Mais cinq, six... dix ! En même temps ! La cour n'est qu'une immense volière compartimentée à volonté suivant les envies de maman!

Et elle les connaît tous ! Un par un ! Et lequel a une patte un peu tordue... et celui qui module quelques notes bien particulières dès qu'elle approche de sa cage... et ces deux qui ne se supportent pas et qu'il est important de séparer suffisamment pour qu'ils ne se voient pas ! Cette femelle qui ne fait que des oeufs "clairs"... faudrait peut-être penser à changer le mâle... lui en proposer un autre... Cette autre qui refuse de s'occuper de ses petiots... Voir s'ils sont à terme et préparer une pâtée spéciale pour les nourrir !

Parce que maman les nourrit ! Avec une allumette taillée elle prélève un peu de cette pâtée dont elle a le secret et gave ces petits corps l'un après l'autre, une fois, dix fois, cent fois ! Repas qu'elle termine, pour tous, en glissant au fond du gosier quelques gouttes d'eau à l'aide d'une pipette.

Chaque matin, avant toute chose, maman sort et suspend les cages, et chaque soir, dès les premières ombres, elle les rentre dans la cuisine. À cause des chats errants. Nous avons des chats, mais les nôtres sont civilisés ! Ils ne touchent pas aux oiseaux de maman ! Il leur arrive même de dormir sur l'une ou l'autre cage... Des masos qui s'imposent le supplice de Tantale... ou bien de bons gros chats bien gentils qui veillent tendrement sur leurs petits compagnons... ou encore trop bien nourris, trop gras et trop paresseux pour désirer entretenir un fatigant instinct de chasseur... quoique non... puisqu'ils chassent quand même les moineaux ! Mais il est vrai que ces derniers sont sauvages, étrangers au cercle familial !

Les canaris de maman ! Et le nettoyage de leurs déjections ! Ce qui se fait dans une pièce bien fermée pour éviter toute évasion ! Je n'y mets jamais un doigt ! D'ailleurs je suis incapable d'attraper un seul oiseau ! D'abord, ils volettent de tous les côtés dans un grand charivari d'ailes affolées, et ensuite, j'ai trop peur de les blesser ! Et puis, avec maman, ils se laissent faire, alors ! Et en plus, ses mains sont plus grandes que les miennes !

En revanche, je veux bien m'occuper de l'épouillage des bâtons. Oui, les bâtons ! Des baguettes de bambou, bien rigide... que l'on dispose entre les barreaux et sur lesquelles se perchent les canaris ! Et comme ces baguettes sont très souvent partiellement évidées, il arrive que des poux y nichent. Oh ! Ce n'est pas très difficile, il suffit de tapoter fortement les pointes des baguettes contre une surface dure et voilà... ça fait peur aux poux et ils s'en vont. Mais il ne faut pas le faire n'importe où !

Nous avons une grosse, grosse, grosse cuisinière à charbon et à bois, qui chauffe toute la maison. Il y a toujours deux ou trois hauts fait-tout, pleins d'eau, sur la grande plaque de fonte brûlante. De temps en temps maman y dépose aussi un ou deux larges zestes d'orange dessus, et l'air se charge de leur parfum.

Hé bien, c'est sur le dessus de cette plaque, sur l'endroit le plus chaud, qu'il faut tapoter les bambous ! Et les poux qui cherchent à fuir tombent et brûlent ! Comme ça, ils ne risquent pas de revenir !

C’est quand même un sacré travail ! Beaucoup de travail qui occupe maman une grande partie de la journée ! Entre ses plantes et ses canaris… elle est souvent débordée !

Et puis, une multi-volière, c’est bruyant ! Essayez d’écouter une chanson qui passe à la radio ! Ben faut monter le son au maximum… Et les émissions à la télévision ! Bruitage assuré, mais pas vraiment en harmonie avec les images. Une scène de duel, au soleil du far west, aux trilles d’une chorale en livrée jaune, ça perd quand même de son charme ! Roméo qui déclare sa flamme à Juliette aux jacasseries de quatre perruches bavardes, ça perd quand même de son intensité poétique.

Alors il faut se dépêcher de couvrir les cages avec des housses opaques taillées sur mesure pour retrouver un peu de silence !

Ce fond sonore je l’ai dans les oreilles depuis que je suis née, je vais l’avoir ainsi durant des années encore…

Toute symphonie, toute ballade, tout spectacle aura ce bruitage incongru… Et je sais déjà que quand je serai grande, je n’aurai pas de canari !
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